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Principes d’établissement du texte
Le choix des éditions
Le succès éditorial de L’Astrée est attesté par le nombre de ses éditions: pour la seule première partie du roman, par exemple, on compte non moins de vingt-deux éditions parues entre 1607 et 1647. Toutes ne présentent pas un même intérêt, car nombreuses sont celles qui ne font que copier une édition antérieure sans y rien ajouter d’autre qu’un éventuel lot de coquilles typographiques: motivées par le seul désir d’exploiter un succès de librairie, elles appartiennent à l’histoire éditoriale du roman mais n’occupent en revanche qu’une place très secondaire dans l’histoire de son texte.
Ce sont en revanche les éditions qui occupent une place décisive dans l’histoire textuelle de L’Astrée qui ont été sélectionnées pour figurer sur notre site. On y trouvera donc, en mode texte, l’intégralité des éditions qui ont été les premières à publier des versions neuves de l’œuvre, qu’elles soient entièrement inédites comme le sont évidemment les éditions originales de chacune des parties successives, ou qu’elles aient simplement fait l’objet d’un remaniement quantitativement important (telle, pour la première partie, l’édition de 1612 au format in-8°).
Pour ne pas enfermer abusivement l’histoire du texte dans la seule histoire philologique des interventions de l’auteur, une part est également accordée aux éditions qui constituent un moment décisif non plus de l’élaboration du roman, mais de sa réception. C’est à ce titre que figure ici la grande édition des cinq parties publiée en 1632-1633 par les libraires Augustin Courbé et Antoine de Sommaville. Elle est d’une très piètre qualité philologique, ayant été défigurée par un grand nombre de coquilles et de corruptions que les protes ont ajoutées à celles que leurs prédécesseurs avaient progressivement introduites au fur et à mesure des éditions antérieures; mais elle n’en a pas moins joué un rôle très important dans la réception du texte: c’est à travers elle et son avatar, l’édition intégrale de 1647, que la majorité des lecteurs du milieu du XVIIe siècle ont eu accès au roman d’Honoré d’Urfé.
Ainsi le choix des éditions réunies sur le site répond, par sa diversité, au souci de prendre en compte à la fois l’autorité philologique du texte et sa réalité historique.
Principes de transcription
Pour faciliter la lecture du texte, et conformément aux pratiques éditoriales en vigueur pour les œuvres anciennes, nous avons effectué les opérations suivantes:
- développement des abréviations typographiques (tilde, 9 tironien);
- dissimilation u/v, i/j (sauf pour les mots latins et les u surmontés d'un tréma, ex. Méroüé);
- correction des coquilles (inversion de caractères typographiques, confusion ou/où, la/là/l’a, à/a, ces/ses, ce/se, …);
- accentuation des finales en –ée et é.
- signalement des erreurs de pagination (ou de foliotation le cas échéant).
Les leçons fautives ont été redressées après comparaison avec d’autres états éditoriaux; ces interventions sont signalées entre crochets droits.
Pour permettre des enquêtes sur l’état de langue représenté dans le roman, variable selon les états du texte, nous avons opté pour les solutions suivantes:
- respect des graphies (mais séparation des mots collés, rares en réalité: ex. ma/m’a, la/l’a) et de la ponctuation; dans les cas où cette dernière est manifestement fautive, nous l’avons corrigée en nous appuyant aussi souvent que possible sur une autre édition;
- respect des variantes morphologiques (flexion verbale);
- respect de la disposition originale du texte (pas d'adjonction d'alinéas, ni de guillemets ou de tirets pour les séquences dialoguées);
- pas de normalisation des tirets, d’apparition encore instable (postposition du sujet, ex. croyez-vous ou croyez vous, mots composés ex. peut-estre ou peut estre, Mont-brison ou Montbrison)
- signalement des passages «remarquables» du roman (memorabilia), notés par les éditions anciennes dans les marges de gauche à l’aide du double diplè (“), ancêtre du guillemet moderne: nous en avons précisé les limites, parfois flottantes, et avons substitué au marquage marginal la simple indication, par des guillemets droits, du début puis de la fin de la séquence concernée.
L’usage des capitales a été respecté (Berger, Temple, Nymphe, Druide, etc.).