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Accueil > Documents > L'Astrée de M. d'Urfé, pastorale allégorique avec la clé

Quatrième partie

Le 6 novembre 1623, Gabrielle d’Urfé, nièce d’Honoré, délivrait au libraire parisien François Pomeray un manuscrit partiel de la quatrième partie de L’Astrée. Ainsi furent publiées en 1624 quelques éditions partielles de l’œuvre, qui ne contenaient que les quatre premiers livres de la quatrième partie du roman et le début du cinquième. Ces éditions ne reçurent toutefois pas l’aveu de l’auteur, qui tenta même, sans succès, de les faire interdire.

Urfé se tourna alors vers le libraire Robert Fouet, à qui il fit remettre, le 7 avril 1625, une copie manuscrite de l’intégralité des douze livres de cette quatrième partie. Mais sa mort (1er juin 1625) survint avant que le libraire n’ait obtenu un privilège d’édition, tandis que le texte partiel publié par Pomeray et ses associés, Toussaint Du Bray, Jacques de Sanlecque et la veuve Olivier de Varennes, était quant à lui protégé par un privilège datant de novembre 1623, octroyant aux libraires le monopole de l’exploitation du texte pour une durée de dix ans. Fouet se trouvait donc dans l’impossibilité légale de publier l'intégralité du manuscrit en sa possession. Pour ne pas s’exposer aux poursuites judiciaires de ses concurrents, il renonça à en publier les quatre premiers livres et divisa les huit suivants en deux lots inégaux, de six et deux livres respectivement :

  • l’ensemble de six livres est celui qu’il publia sous le titre de « Cinquième partie » en 1625, non sans y insérer quelques morceaux dus à la plume du romancier Marin Le Roy de Gomberville, comme l’histoire de Parisatis et de Zenobias ;

  • les deux livres restants furent complétés d’une suite de quatre autres, succédant à l’épisode du siège de Marcilly et semblablement rédigés par Gomberville, afin de former la matière d’un volume, publié en 1626 sous le titre de « Sixième partie ».

De leur côté, les libraires qui avaient commis l’édition partielle de 1624 travaillèrent à se procurer, par l’intermédiaire de l’ancien secrétaire d’Urfé, Balthazar Baro, un manuscrit complet de la quatrième partie. Ils firent ainsi paraître en 1627 la première édition intégrale de celle-ci, sous le titre de La vraye Astrée, qui visait clairement à discréditer les éditions de Fouet.